Le coup de coeur rentrée 2009      
Robert

Anaisthêsia - Antoine Chainas"En fonction des individus, il n'y a aucune différence entre le bien et le mal. Ce que je peux considérer comme juste dépend entièrement de la position la plus constructive à adopter. Le fait que vous ne soyez pas d'accord avec cette position ne vous donne pas plus raison qu'à moi." Ainsi débute la longue, très longue et passionnante confession d'un vieil homme, Ernesto Perez.
Après l'enlèvement de la fille du gouverneur de Louisiane et le meurtre de son garde du corps, Perez a imposé ses conditions: Que Ray Hartmann, qui travaille dans une unité de lutte contre le crime organisé, l'écoute raconter sa vie. En échange il libèrera la jeune femme. Pourquoi ces conditions, pourquoi choisir cet obscur gratte-papier dont la vie est un véritable naufrage?
Perez, imperturbable aux évènements et à la violence extérieure, égrène l'histoire de sa vie. Son premier meurtre, la mort de sa mère puis son premier contrat avec la famille. "J'étais tout et rien (…) Je hantais le monde". En face Hartmann, qui s'est construit "Une vie de crimes, si vous voulez; les crimes des autres, mais des crimes tout de même", s'interroge. Petit à petit, c'est l'histoire de la mafia, des crimes les plus célèbres aux plus obscurs, que livre Perez aux oreilles d'un Hartmann ébahi, envouté malgré lui par la personnalité de ce tueur.
En contrechamp, l'enquête dans le milieu des gangsters de la Nouvelle Orléans, commence à révéler de sombres accointances entre monde du crime et celui de la politique.
Disons le sans détour, "Vendetta" est un grand roman. Tant dans l'inventivité de la narration, ce huis clos entre ces deux hommes si éloignés mais si proches par certaine bizarrerie du destin. Et cette longue litanie des souvenirs de Perez qui mêle habilement sa vie intime et les grands évènements qui ont ponctué l'histoire du crime organisé aux Etats-Unis. Ellory nous manipule, nous happe, nous fascine, nous fait passer par des sentiments contradictoires envers ce meurtrier dont on se surprend au détour d'une page à compatir à son destin et à justifier certains de ses actes. L'histoire, macroscopique de la mafia ou microcosmique de Perez est servi par une écriture tout en retenue, sans aucun effet, qui s'efface devant les faits et les sentiments du vieil homme, nous tenant plus sûrement en haleine que nombre de thriller au style boursouflé.

Corinne Naidet          precedent coup de coeur     haut de la page   suivant

 




 
 
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